Le miroir de Cassandre par Bernard WERBER (2009)
"Ce blog a décidé de s'associer à un projet ambitieux : chroniquer l'ensemble des romans de la rentrée littéraire !
Vous retrouverez donc aussi cette chronique sur le site Chroniques de la rentrée littéraire qui regroupe l'ensemble des chroniques réalisées dans le cadre de l'opération. Pour en savoir plus c'est ici."
Quand j'ai vu que Ulike proposait dans sa sélection le dernier Werber, j'ai pensé que tout le monde voudrait le lire mais j'ai quand même tenté ma chance. Et bingo ! Je l'ai reçu et encore mieux, ce sont les épreuves non corrigées. Un collector ! Celui-ci, je vous garantis que je le garde.
Bon ce qui aurait été encore mieux, c'est que le roman soit bien...
Ce que nous présente Bernard WERBER, c'est l'histoire de Cassandre, une étrange adolescente de 17 ans, montrant de fortes tendances à l'autisme, qui comme le laisse supposer son prénom, a des visions de l'avenir.
Si déjà, vous trouvez cette phrase réductrice, en lisez pas ce livre car il est truffé de pensées du même genre ; par exemple, une Violaine est violente et animée par la haine, un Philippe (étymologiquement : qui aime les chevaux) est un turfiste convaincu, j'en passe et des meilleures... Je reconnais que notre prénom influence notre vie, mais je ne suis pas convaincue que cela se fasse de manière aussi grossière.
Bref, revenons-en à notre Cassandre bien nommée. Elle est amnésique concernant tout ce qui s'est passé avant ses 13 ans et cherche à découvrir son passé. Au cours de ses errances, elle rencontre 4 clochards qui se sont installés au milieu d'une décharge puante et décide de rester avec eux. Les habitants de cette décharge sont à eux seuls un véritable ramassis de lieux communs : un ex-militaire alcoolique, une ancienne mère maquerelle rousse et qui louche, un sorcier vaudou prénommé Fetnat car il est né le 14 juillet, et enfin un adolescent coréen qui est un as... en informatique, bien sur !
Accompagnée de son armée de clochards ainsi que d'un ou 2 autres appuis bien placés et aidée de ses visions, Cassandre part sur la trace de son passé et de notre futur, tout en déjouant des attentats terroriste et en échappant à la police qui la traque.
J'ai cordialement détesté cet ouvrage qui aurait pu être sous-titré à mon sens L'art de prendre son lecteur pour un décérébré. en effet, un des effets de style de l'auteur est d'intercaler à la narration les pensées de Cassandre en italique.
Tiens quel procédé ingénieux !
Mais très vite, ces interventions deviennent agaçantes, voire même déplaisantes.
D'un part, Bernard WERBER aurait peut-être du s'inspirer de Mark Haddon et de son livre Le bizarre incident du chien pendant la nuit au lieu de parler à tout bout de champ de "bulle de protection" ou "sphère de protection".
D'autre part, le lecteur (pas si bête) comprend vite que les interventions sont là pour le guider dans sa lecture et son interprétation. Et ça c'est vraiment irritant ! Idem pour la manie de coller des ressemblances d'acteurs à chaque personnage rencontré, comme si on ne pouvait pas décider nous-mêmes sous quels traits nous voulons faire apparaître les protagonistes dans notre esprit...
De plus, notre personnage principal Cassandre a un réel complexe de supériorité et se sent obligée d’imposer au pauvre lecteur impuissant l’étymologie de presque chaque mot. J’adore l’étymologie mais là on lit un roman pas un dictionnaire ! Un passage a mis le feu aux poudres chez moi lorsqu’elle parle de sa passion pour les « mots rares ». Elle lui explique alors qu’en moyenne, la plupart des gens utilisent 120 mots de vocabulaire pour s’exprimer et lui demande : « Qui se souvient encore de ce que veut dire : billevesées ? scolastique ? ou mélopée ? ». Et bien, pas de chance, la lectrice présente s’en souvient et pense même ne pas être la seule. Idem pour « oxymore »… D’ailleurs, un oxymore s’est glissé dans ce billet, saurez-vous le retrouver ?
Bref, ce roman a été une énorme déception pour moi. J’aurais aimé lire un roman de la trempe du Cycle des Fourmis, le prochain peut-être…