American darling par Russell BANKS (2004)
4ème de couverture : A cinquante-neuf ans, Hannah Musgrave revient sur sa vie de jeune bourgeoise américaine contrainte par son engagement révolutionnaire à prendre la fuite vers l'Afrique au début des années 1970. Ayant tenté sa chance au Libéria, elle s'y est mariée à un bureaucrate local appartenant à une tribu puissante et promis à une brillante carrière politique. Quelques années plus tard, elle a, en catastrophe, repris le chemin de l'Amérique, laissant là leurs trois enfants, fuyant la guerre civile qui enflammait le pays. Au moment où commence ce livre, Hannah quitte sa ferme "écologique" des Adirondacks, car ce passé sans épilogue la pousse à retourner en Afrique...
Evocation passionnante d'une turbulente période de l'histoire des Etats-Unis comme du destin d'un pays méconnu, le Libéria, le roman de Russell Banks tire sa force exceptionnelle de la complexité de son héroïne, et d'un bouleversant affrontement entre histoire et fiction.
Encore une fois merci à une blogueuse pour cette lecture. Il s’agit cette fois de Manu qui m’a offert ce livre (son livre) à l’occasion du Swap Bookcrossing.
Dans American darling, nous faisons connaissance avec Hannah au moment où elle décide de retourner au Liberia, 10 ans après l’avoir quitté, pour retrouver la trace de ses 3 fils.
De fil en aiguille, nous remontons le cours du passé ô combien mouvementé d’Hannah. Ce « pèlerinage » est l’occasion pour elle de faire le point sur ses actions passées et surtout ses motivations.
C’est d’ailleurs à la fin du roman, après toute cette introspection, que l’on comprend enfin le titre du roman American darling.
Je ne me suis pas trop (voire même pas du tout) attachée au personnage d’Hannah, trop froide et trop impénétrable à mon goût, mais cela ne m’a pas empêchée de suivre son histoire avec beaucoup d’intérêt.
Comme le dit la 4ème de couverture, la plus grande force de cette œuvre réside dans la personnalité extrêmement complexe de la narratrice. Dès petite fille, Hannah manifeste cette froideur qu’elle gardera toujours dans sa vie personnelle et qui lui permettra d’abandonner plusieurs fois sans regret famille et/ou amis.
Jeune fille, elle s’engage aux Etats-Unis pour de multiples causes et finira par être recherchée par le FBI. C’est d’ailleurs la partie que j’ai le moins aimée, Hannah suit le mouvement mais n’est pas encore réellement présentée comme une individualité.
Puis, en fuite, elle gagne l’Afrique et se retrouve un peu par hasard au Liberia. Elle s’y marie, a 3 enfants et s’occupe comme une mère d’un sanctuaire de chimpanzés, ses « rêveurs » comme elle les nomme.
J’ai beaucoup aimé le style de Russell BANKS, ses métaphores originales (notamment la métaphore filée de « l’ombre blanche » d’Hannah), son écriture fluide.
J’ai été fascinée et horrifiée à la fois par sa description du Liberia, de la guerre qui y fait rage, des horreurs perpétrées par les soldats des différentes armées sur les civils.
Un bien beau roman qui me donne envie de lire d’autres œuvres de Russell BANKS.
« C’est presque comme si j’étais au-delà de toute cette histoire, et cela depuis des années. Vous voulez me voir en pleine lumière, mais je ne suis visible que dans l’obscurité. La lumière m’efface et, pour ma part, je ne peux pas en produire. Je suis comme une ombre blanche. »
« Et si, en mon plus jeune âge, le prix de mon intransigeance a été une colère permanente et un désir de violence à l’égard des responsables de l’injustice et de la tyrannie, ce prix s’est transformé, quand j’ai été plus âgée, en un détachement froid à l’égard de ceux qui m’aimaient et que je prétendais aimer. Au fil des ans, l’ombre ténébreuse que je projetais en vieillissant a lentement pali pour devenir blanche."