Confessions d’un gang de filles par Joyce Carol OATES (1993)
4ème de couverture : Un quartier populaire d'une petite ville de l'État de New York, les années 1950. Cinq lycéennes, pour survivre et se venger de toutes les humiliations qu'elles ont subies, concluent un pacte, à la vie, à la mort : elles seront le gang Foxfire. "Foxfire" désigne les jolies filles, mais également le feu follet. La haine, et surtout celle des hommes, va les entraîner dans une impitoyable équipée sauvage. Après un séjour en maison de correction, legs, leur chef adulée, revient avec un rêve : pouvoir habiter, toutes ensemble, dans une ferme, et vivre selon leurs propres lois. Mais leur sulfureuse réputation leur créera plus d'un ennemi. Vols de voitures, menaces à main armée, entôlage et, pour finir, kidnapping... Tout cela finira très mal. Dans une langue crue, précise et concrète, Joyce Carol Oates dépeint la "fureur de vivre" des cinq inséparables et leurs accès de générosité envers d'autres déshérités. Comme toujours chez l'auteur de Eux et de Blonde, le Mal est d'autant plus vraisemblable qu'il nous ressemble...
Du peu de l’œuvre que j’ai lue de Joyce Carol OATES, ce roman-ci est sans conteste celui que j’ai préféré.
Ces confessions retracent l’existence d’un gang, pas une bande non, un vrai gang constitué uniquement de filles, et mené par une adolescente ô combien charismatique : Legs Sadovsky. Nom du gang : FOXFIRE (n.d.t. : en anglais, Foxfire signifie « feu follet ». Le nom du gang est triplement codé, « fox » signifiant « renard », mais aussi en argot américain « jolie fille », « fille sexy »).
FOXFIRE est animé d’une force particulière, une très forte solidarité féminine.
« Je sais que désormais je ne serai plus jamais seule, que je ne me sentirai plus jamais seule comme, jusqu’ici, Dieu a permis que je le sois – comme s’Il n’existait pas, comme s’Il m’avait forcée à faire ce triste constat : Il n’existait pas pour de vrai ; ou, s’Il existait, son existence ne me concernait pas. ».
à l’origine, leur but est de se venger des hommes qui (tous) détestent les femmes.
Après l’incarcération de leur chef quelques mois en maison de redressement, les « sœurs » de FOXFIRE, toutes sans réelles attaches familiales, vont s’installer ensemble dans une ferme et continuer leurs activités très peu légales. Mais enivrées par leur pouvoir et l’amour qui existe entre elles – un amour pur et intensément fort propre à des ados perdues qui se raccrochent aux seules personnes qui leur ressemblent et les comprennent – FOXFIRE va « déraper » et commettre l’irréparable.
35 ans plus tard, Maddy-Monkey, la « secrétaire » du gang, brise le silence et raconte ces années chaotiques, qui furent pour elle, pour elles toutes, très heureuses.
La narration à la 1ère personne, lorsque Maddy parle du présent et passant sans transition (parfois dans la même phrase) à la 3ème personne, lorsqu’elle se replonge dans les évènements du passé, donne un aspect extrêmement vivant au texte. Maddy est incapable d’opérer une distanciation avec son passé, lorsqu’elle le retrace par écrit, elle le revit.
On partage l’amour inconditionnel de Maddy pour Legs, on ressent la pureté des intentions de Legs, son dégoût lorsqu’elle s’paerçoit que « le Mal à l’état pur » existe partout et pas seulement chez les hommes.
Tout en sachant dès le 1er chapitre que tout cela allait très mal se terminer, j’ai souhaité tout au long de ma lecture à FOXFIRE de trouver une porte de sortie.
Joyce Carol OATES nous offre encore ici un récit fort, une chronique extrêmement réaliste de l’action d’une poignée de jeunes filles qui n’ont pas voulu se soumettre à la vie que le Destin leur réservait…
« Car dès les tout débuts de FOXFIRE, alors que nous n’étions encore que des gamines, nous avons compris que nous avions du pouvoir. Seulement, nous n’arrivions pas à l’évaluer exactement. »