Les enfants de la liberté par Marc LEVY (2007)
4ème de couverture : On est tous l’étranger de quelqu’un.
Jeannot, Tu leur diras de raconter notre histoire, dans leur monde libre. Que nous nous sommes battus pour eux. Tu leur apprendras que rien ne compte plus sur cette terre que cette putain de liberté capable de se soumettre au plus offrant. Tu leur diras aussi que cette grande salope aime l'amour des hommes, et que toujours elle échappera à ceux qui veulent l'emprisonner, qu'elle ira toujours donner la victoire à celui qui la respecte sans jamais espérer la garder dans son lit. Dis-leur Jeannot, dis-leur de raconter tout cela de ma part, avec leurs mots à eux, ceux de leur époque. Les miens ne sont faits que des accents de mon pays, du sang que j'ai dans la bouche et sur les mains.
Marc LEVY abandonne ici son style habituel puisqu’il nous raconte une histoire vraie, l’histoire de son père, de tant d’autres enfants résistants, en ce temps où le courage était leur unique richesse, l’espoir l’unique raison de rester en vie.
Stefan ZWEIG a préféré se donner la mort avec sa femme en 1942 à 61 ans plutôt que d’affronter le spectacle de la destruction de sa « patrie spirituelle », l’Europe, pour ne plus avoir à contempler cette guerre trop monstrueuse.
Sa lettre d’adieux se terminait ainsi : « Je salue tous mes amis. Puissent-ils voir encore l’aurore après la longue nuit ! Moi je suis trop impatient, je pars avant eux. ».
Les « enfants de la liberté » eux, armés de leur jeunesse, de leur foi en l’avenir, de leur envie de revoir le printemps, se sont battus, ont résisté pour voir leurs idéaux devenir réalité.
Le livre est beau, les actes de générosité et de courage sont purs, les sentiments vrais.
Mars LEVY sait comment raconter les « petits » actes de solidarité quotidiens qui ont eu lieu pendant cette guerre et les magnifier. Il a sous sa plume la poésie qui convient idéalement.
Quelques passages qui m’ont fait vibrer :
« Tu vois, c’est l’histoire d’un curé qui se prive de manger pour sauver un Arabe, d’un Arabe qui sauve un Juif en lui donnant encore raison de croire, d’un Juif qui tient l’Arabe au creux de ses bras, tandis qu’il va mourir, en attendant son tour ; tu vois, c’est l’histoire du monde des hommes avec ses moments de merveilles insoupçonnées. »
« Je veux vivre, je veux m’évader de l’enfer, sortir d’ici. Je veux voir mon frère, le serrer dans mes bras, lui dire que tout n’était qu’un absurde cauchemar ; qu’au réveil j’ai retrouvé nos vies, comme ça, par hasard dans le coffre où maman rangeait mes affaires. Ces deux vies, la sienne, la mienne, celles où nous allions chaparder des bonbons chez l’épicier du coin, celles où maman nous attendait au retour de l’école, celles où elle nous faisait réciter nos devoirs ; juste avant qu’ils viennent nous l’enlever et nous voler nos vies. »